Pour rendre la GPA socialement acceptable, il est essentiel de manipuler le langage, de modifier le sens des mots et de chosifier les femmes qui porteront les enfants.
Les contrats de GPA n'utilisent pas les termes "mère porteuse" et rarement les mots "femme", ou "personne". Ils réfèrent à la mère porteuse par le terme "porteuse gestationnelle":
"Il s'agit de déshumaniser la femme, la mère, pour qu'il soit plus facile de la transformer en un simple réceptacle, une simple "porteuse" de quelque chose qui n'est pas à elle" 1.
L'emploi de ces expressions n'est pas anodine. On peine à discerner si on fait référence à incubateur ou à un être vivant. Plus la femme qui portera l'enfant est dépersonnalisée, plus la conscience des clients s'accommodera de l'idée d'utiliser ses fonctions reproductives comme "moyen" pour satisfaire leur désir de parentallité. L'industrie en a pleinement conscience.
Une mère porteuse états-unienne s'étonnait et regrettait que le parent prospectif chinois pour lequel elle portait un enfant ne soit pas venu le récupérer (iI avait mandaté la "nounou" pour accomplir cette tâche). La mère porteuse avait intégré le discours qu'elle faisait un "acte d'amour", un "don de soi" pour se rendre compte brutalement que la personne pour qui elle le faisait, le client, ne se déplaçait même pas pour récupérer le précieux enfant qu'elle avait porté pendant 9 mois. La récupération de ce bébé ressemble à la collecte d'un colis, une tâche qui incombe généralement à la "nounou".
Nous n'observons pas un comportement aussi désinvolte de la part de parents adoptants. Ces situations ne surviennent que dans les arrangements de GPA parce que la GPA suspend les droits et les obligations. Cette suspension est facilitée par la manipulation du langage.
1 Lola Venegas, Comment la novlangue élimine symboliquement les femmes - Ventres à louer - une critique féministe de la GPA (2022)