Que sait-on sur les stimulations ovariennes ?
La reproduction humaine
La fécondation chez l'être humain s'organise autour de la mise en contact des gamètes mâles et femelles. Les hommes produisent plusieurs millions de gamètes (les spermatozoïdes) en une seule éjaculation, mais les femmes ne produisent qu’un seul ovocyte par cycle menstruel.
Cette limitation naturelle chez la femme n’est pas viable pour le marché de la procréation assistée. Les cliniques de fertilité doivent pouvoir obtenir le plus grand nombre possible d’ovocytes en une seule ponction, pour plusieurs raisons;
- Les coûts et les risques médicaux associés à une seule ponction sont élevés (il s’agit d’une chirurgie),
- le taux de succès de fécondation d’un seul ovocyte est inférieur à 30%,
- les pourvoyeuses sont rares.
Pour toutes ces raisons les cliniques de fertilité doivent intervenir chimiquement et chirurgicalement pour « forcer » le système reproducteur des femmes à sécréter beaucoup plus d'ovocytes ou pour préparer le corps des mères porteuses à recevoir un embryon conçu in vitro.

Le système reproducteur féminin
Les ovaires des femmes sont des « réserves » contenant plusieurs centaines de milliers de follicules. Après la puberté, ces follicules, parviennent à maturité, un peu comme des bourgeons qui écloraient dans un ordre séquentiel, coordonnés par la glande pituitaire et la « réponse » ovarienne.
Mais le processus de stimulation ovarienne force la maturation simultanée de dizaines d’ovocytes ce qui est en soi une performance inédite du corps des femmes dans l’histoire humaine. On y décèle une application concrète du courant de pensée transhumaniste, c’est-à-dire la fabrication (ou la poursuite d’une chimère selon les perspectives) d’un être humain augmenté.
L’administration d’injections d’hormones folliculo-stimulantes ( FSH ) artificielles précipite la maturité de plusieurs follicules simultanément. Une fois que ces follicules atteignent une certaine taille sous l'effet de la FSH, des injections d’hormone lutéinisante ( LH) exogène sont administrées pour libérer l’ovocyte de son ovaire et finaliser la maturation de plusieurs follicules qui seraient normalement éliminés par le corps. Ces interventions permettront de récolter des dizaines d’ovocytes au cours d’une seule intervention de ponction ovarienne.
Un ovaire humain contient plusieurs centaines de milliers de follicules à la naissance, mais ce nombre diminue au fur et à mesure que la personne vieillit.
La quantité d’ovocytes recueillis est corrélée à divers effets indésirables à court terme, notamment le syndrome d’hyperstimulation ovarienne, une affection médicale susceptible de provoquer des répercussions très graves en cas de manifestation modérée ou sévère, particulièrement quand l’hormone gonadotrophine chorionique (hCG) est utilisée [1].
D’autres effets ont été signalés dont les torsions ovariennes, caillots sanguins, maladies rénales, ménopause prématurée, kystes ovariens, douleurs pelviennes chroniques, accidents vasculaires cérébraux [2] .
[1] TOBER & Al. (2020) Frequency And Severity Of Ovarian Hyperstimulation Syndrome (Ohss) Among Oocyte Donors According To Trigger Type And Number Of Oocytes Retrieved.
[2] Linda Giudice, Eileen Santa, and Robert Pool, eds., Assessing the Medical Risks of Human Oocyte Donation for Stem Cell Research (Washington, D.C.: National Academy of Sciences, 2007) p. 11,
Quel sont les effets à long terme de ces doses exogènes hormonales ?
La réponse courte est : nous n'en savons rien.
Deux médecins pratiquant dans une clinique de fertilité à Londres ont publié un article relatant le cas tragique d’une jeune femme ayant fait des dons d’ovocytes pour sa sœur et décédée d’un cancer du côlon quelque temps plus tard [1].
Tout en reconnaissant ne pas pouvoir faire de lien direct entre la stimulation ovarienne et son cancer, les deux médecins évoquaient un « sentiment de malaise » lorsque ce cas « était mis en parallèle avec d'autres cas signalés au cours des dernières années. » Ils s’inquiétaient que les conséquences à long terme de certains aspects de la procréation assistée étaient peu connus. Ils mettaient en garde la British Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA) que :
À ce jour, aucune étude longitudinale ou d’essais contrôlés randomisés sur les effets à long terme de ces doses massives d’hormones n’a été produite. Comment les femmes doivent-elles interpréter cette absence d’intérêt pour leur santé ?
[1] K K Ahuja, E G Simons, Cancer of the colon in an egg donor: policy repercussions for donor recruitment Human Reproduction, Volume 13, Issue 1, 1 January 1998, Pages 227–231