La fécondation in vitro (FIV)

 

L'industrie de la GPA fait une distinction entre les GPA dites "traditionnelles" et les GPA ayant recours à des techniques de Fécondation in Vitro. 

 

Les arrangements de grossesses pour autrui cherchent à éviter que l'enfant soit conçu à partir des ovocytes de la mère porteuse, afin de satisfaire aux demandes des clients.  La GPA "traditionnelle" 1 n'est plus offerte par la plupart des programmes de fécondation in vitro (FIV) aux États-Unis et elle n'est pas non plus une pratique favorisée par les cliniques au Canada en raison des risques juridiques potentiels liés à la filiation et de la crainte des clients que la mère porteuse "s'attache à l'enfant".  Les recherches et les études sur les risques associés aux FIV et au recours aux ovocytes étrangers vont toutes dans le sens d'une augmentation des risques pour la santé de la mère et celle de l'enfant.  Malgré ce savoir les cliniques canadiennes font courir sciemment ces risques supplémentaires aux mères porteuses pour protéger leurs clients d'éventuelles poursuites en reconnaissance de filiation.

 

Pour comprendre les risques médicaux associés aux grossesses pour autrui (GPA), il est nécessaire de comprendre les risques médicaux associés à la Fécondation in vitro (FIV).

 

Qu'ils soient pris soi-même ou pour une personne étrangère, les risques des FIV s'additionnent aux risques d'une grossesse spontanée, incluant pour les enfants issus de cette pratique.

 

Pour consulter la synthèse des recherches sur ces risques, veuillez vous rendre à notre page web traitant spécifiquement de ce sujet.

 

1 La GPA "traditionnelle" est une grossesse où une femme se fait insiminée avec le sperme d'un donneur de sperme ou, plus fréquemment, avec le sperme du parent ou del'un des parents prospectifs.

 

Les 8 étapes d'un processus de GPA

 

 

 

  • 5. Confirmation de la grossesse
  • 6. Suivi de grossesse
  • 7. Accouchement et remise de l'enfant aux clients
  • 8. Processus d'établissement de la filiation

 

 

LES FIV EN CHIFFRES

 

Comprendre les données

Les données reproduites ici sont issues du registre "Canadian Assisted Reproductive Technologies Register (CARTR)".  Il est important de noter que le CARTR avise utiliser des données cumulatives pour rendre compte du taux de succès des FIV.

 

Un "taux de succès" basé sur les données cumulatives est un taux de succès qui est comptabilisé en fonction du succès des interventions cumulées sur une patiente (sur une période d'un an) plutôt que sur le succès de chacune des étapes individuelles du traitement (les essais). 

 

 

Exemple:  si une grossesse survient après plusieurs interventions d'extractions d'ovocytes successives chez la même patiente, ou une seule extraction d'ovocytes, le taux de succès de l'acte médical sera estimé à 100%, dans les deux cas (indépendamment du nombre d'échecs à chacune des étapes).  Que la patiente ait cumulé plusieurs ou un seul essai pour atteindre le résultat escompté de l'acte médical "extraction d'ovocytes", la méthode de calcul considèrera ce taux de réussite à 100%. 

 

Les échecs des étapes individuelles du processus sont ignorés et le taux de succès est dépendant (entre autres critères) à la persistance de la patiente à répéter l'expérience sur une période d'une année.

 

Les "taux de succès par cycle d'extraction d'ovocytes"

 

Les données du registre du CARTR ne rendent compte que des cycles d'extractions d'ovocytes pour usage autologue : l'embryon conçu à l'aide de ces ovocytes  sera implanté dans l'utérus de la femme les ayant fourni.  La majorité des GPA ont recours à des dons ou achats d'ovocytes étrangers au corps de la mère porteuse.

 

Selon les données du registre, 109,324 cycles d'extractions d'ovocytes ont été effectués sur des femmes canadiennes entre 2013 et 2019.  La fécondation in vitro (FIV) d'un embryon n'a pas réussi sur 25,367de ces cycles  d'extraction (23.2%) .  Parmi les raisons expliquant ces échecs on mentionne ;

 

  • Pas d'embryons utilisables (6 345),
  • Pas de fécondation normale (3 761),
  • Pas d'ovocytes (1 620),
  • Pas d'ovocytes utilisables, (789)
  • Pas de spermatozoïdes (180).

En dépit du fait qu'environ 23% des tentatives de fécondation se sont soldées par un échec, ces cycles d'extractions sont écartés de la méthode de calcul du taux de succès publié par le CARTR.

Le taux de succès annoncé est obtenu en ne tenant compte que des 83,957 extractions restantes (109,324 - 25,367) pour lesquelles la FIV a réussit à concevoir un embryon.

De là l'utilisation de l'expression "un taux de succès cumulatif".

 

Les "taux de succès" avec don d'ovocytes

 

 

Un processus d'extraction d'ovocytes n'est pas une intervention médicale banale. Il comporte des risques qui doivent être pris au sérieux et s'accompagne de l'administration de doses d'hormones synthétiques stimulant les ovaires de façon à leur faire produire des dizaines d'ovocytes à la fois (un ovaire produit normalement un seul ovocyte par cycle menstruel). 

Les effets à long terme sont peu documentés mais des cancers du sein sont soupçonnés. 

Les effets à court terme  sont mieux connus et souvent sous-estimés par les cliniques elles-même.

Il est donc important de noter qu'environ 25% de ces cycles d'extraction ne réussiront pas à passer l'étape de la FIV, deuxième étape de la "chaîne d'assistance médicale à la procréation".

 

Peut-on reporter ce taux d'échec dans le cadre d'une GPA ? 

La réponse est non.  

 

D'une part parce que les pourvoyeuses d'ovocytes sont sélectionnées (entre autres) sur des critères de jeunesse et de fertilité, contrairement aux femmes qui font des extractions d'ovocytes pour elles-même. En effet, si ces dernières ont recours à des techniques de procréation médicalement assistée c'est parce qu'elles éprouvent souvent des problèmes de fertilité ou de fécondité, suggérant une possible "qualité diminuée" des ovocytes utilisés. 

 

D'autre part, s'il est possible que les ovocytes issus de "dons" aient de meilleures chances d'être fécondés, les grossesses qui en résultent cumulent plus de risques de "rejet" de l'embryon implanté à cause de l'introduction d'un matériel génétique totalement étranger au corps de la mère porteuse (Voir grossesses avec ovocytes étrangers), diminuant conséquemment les "taux de succès" de "naissances vivantes".

 

Le taux de succès de naissances vivantes

 

Les taux de succès déclarés par les cliniques de fertilité servent fréquemment de publicité et la concurrence s'articule en partie autour de ces taux de réussite affichés.

 

Sur 94,516 cycles d'extractions d'ovocytes pour usage autologue entre 2013 et 2018 1, le registre du CARTR indique que 78.7% (74,396) de ces extractions ont pu être fertilisés in vitro et ont abouti à la conception et au transfert d'au moins un embryon. 

 

IMPORTANT DE COMPRENDRE:  ce taux est obtenu en multipliant les interventions d'extraction sur les patientes. Dans 60% du temps, la patiente doit répéter l'intervention au moins une deuxième fois.  Ce taux informe que des patientes peuvent ne pas avoir obtenu d'embryons, même après 4 interventions médicales d'extractions d'ovocytes.

 

Sur les 74,396 implantations d'embryons, 27,596 grossesses ont été obtenues ayant abouti à (au moins) une naissance vivante (taux de succès de 37,1%) . Encore une fois il est important de comprendre que ce taux de succès est atteint parce les patientes peuvent avoir subi entre 1 et 4 implantations successifs d'embryons. Seulement 42% des patientes deviennent enceintes après un seul transfert d'embryons (ce % ne rend pas compte des naissances vivantes, mais seulement d'une confirmation de grossesse).

 

Note 1 Les données de 2019 de l'échantillon n'ont pas été utilisées pour ce calcul car les naissances vivantes n'y sont pas mentionnées. Nous avons donc utilisé les données de 2013 à 2018.

 

 

Le coût humain

Les statistiques "non-cumulatives" dessinent un tableau alarmant du "coût humain" qu'il faudra pour obtenir le "bénéfice" d'une naissance vivante.

 

Le taux de "naissances vivantes" pour chaque cycle d'extraction d'ovocytes est  29,2 % (l'intervention peut avoir été pratiquée jusqu'à 4 fois sur une même femme).

 

Le taux de "naissances vivantes" suivant une implantation d'embryon(s) est de 37,1 % (l'intervention peut avoir été pratiquée jusqu'à 4 fois sur une même femme).

 

Par "coût humain", nous entendons les souffrances associées aux extractions d'ovocytes, aux fausses couches, aux grossesses à risques, aux grossesses avec pré-éclampsie, au diabète de grossesse, à l'hypertension de grossesse, à la perte de son utérus, aux hémoragies post-partum ect. Les techniques de procréation assistée augmentent significativement ces risques.

 

 

Quand ce "coût humain" n'engage que la bénéficiaire, (la femme qui sera la mère biologique et génétique de cet enfant), on peut comprendre que cette dernière soit prête à engager sa santé pour ce projet (encore faut-il qu'elle soit bien informée des risques, à court et à long terme).

 

Mais est-ce éthiquement admissible de la part d'une société moderne de faire endosser ces interventions à des femmes, dans leur chair ? Des femmes pour qui les bénéfices sont nuls ou économiques? Des femmes qui ne peuvent donner un consentement "éclairé" puisque les risques pour leur santé, physique et psychologique, ne sont même pas bien documentés, de l'aveu même des chercheurs [1]  [2] ?

Dans un article de Free Press intitulé "The ‘Wild, Wild West’ of the American Egg Donor Industry" (02 décembre 2024), une pourvoyeuse d'ovocytes (Kaylene Breeding) témoigne avoir subit 6 fois des extractions d'ovocytes dans l'objectif d'aider des personnes à pouvoir devenir parents.  Maintenant âgée de 36 ans, Kaylene fait face à la possibilité de perdre son utérus et sa fertilité.  Son médecin traitant croit qu'il s'agit d'une conséquence des doses massives d'hormones reçues dans le cadre de ces interventions.  Sur ces six cycles d'extractions, un seul a produit une naissance vivante : des jumeaux pour un couple gay vivant en Israel.  Est-ce là le coût humain à payer ?  Est-ce que la perte de la fertilité d'une femme se justifie pour réaliser le désir de parentalité de personnes parfaitement fertiles ?

L'histoire de Nathan, que nous reproduisons sur notre site, illustre   cette enchère de souffrances.  Il aura fallu 6 mères porteuses, 3 pourvoyeuses d'ovocytes,10 transferts d'embryons (dont 7 ont échoué), 1 fausse-couche, 1 enfant mort-né et 1 césarienne d'urgence pour que Nathan réalise son rêve d'avoir un enfant sans partenaire sexuel.  Car Nathan est fertile. Mais il ne souhaite pas qu'un autre parent fasse partie de la vie de ses enfants.

 

 

 

[1] “GC [Gestational Carriers] appear to be at an elevated risk of maternal morbidity, without evident risk of neonatal morbidity. Further studies are needed to understand the mechanisms involved” M Ivanova, J Ray, J Shellenberger, J Pudwell, M P Velez, “Severe maternal and neonatal morbidity among gestational carriers: a population-based cohort study”, Human Reproduction, Volume 39, Issue Supplement_1, July 2024

[2] “Until epidemiological studies on the safety of egg donors are available, cases can provide the only guidance for safe recruitment.’ Almost 20 years later, the long-term risks for egg donors are still largely unknown, and case reports (Ahuja, Simons, 1998, Schneider, 2008) are still the only clues to these possible risks.” SCHNEIDER and Al. “Long-term breast cancer risk following ovarian stimulation in young egg donors: a call for follow-up, research and informed consent”, Reproductive Biomedicine On Line, Volume 34, ISSUE 5, P480-485, May 2017

 

Une clinique de fertilité explique le processus des fécondations in vitro


"In vitro" est une expression qui signifie : "En milieu artificiel, en laboratoire (par opposition à "in situ")


Les ovaires d'un corps de femme ne produisent normalement qu'un seul ovule par cycle menstruel.

Au moment de l'ovulation, l'ovaire libère un ovule mature, qui est transporté dans les trompes de Fallope où il rencontrera les spermatozoïdes pour y être fécondé. L'ovule fécondé se développera ensuite en embryon et migrera vers l'utérus pour s'y implanter.

Dans la majorité des grossesses pour autrui, l'embryon qui sera implanté dans l'utérus de la mère porteuse aura été formé en utilisant l'ovocyte d'une pourvoyeuse d'ovocytes (généralement sélectionnée dans un "catalogue" de pourvoyeuses) et des spermatozoïdes d'un donneur, généralement le client.

 

 

 

 

Pour un cycle de FIV, plusieurs ovules auront été recueillis directement de l'ovaire d'une pourvoyeuse d'ovules par ponction folliculaire avant son ovulation. Ils auront ensuite été mis en contact avec des spermatozoïdes dans un contenant pour la culture dans le but de les féconder et créer des embryons. Les embryons sont gardés en incubateur pour une période de 3 à 6 jours.  Au cours de la procédure de diagnostic préimplantatoire, un ou deux embryons seront sélectionnés pour être insérés dans l'utérus de la mère porteuse.