À chacune des étapes d'un processus d'une fécondation in vitro (FIV) dans le cadre d'une grossesse pour autrui (GPA), une sélection génétique s'opére.
Les clients de GPA sont amenés à choisir le matériel génétique qui sera utilisé pour concevoir l'embryon, lequel sera ensuite implanté dans l'utérus d'une mère porteuse.
En général (mais ce n'est pas toujours le cas), le matériel génétique masculin est fourni par un membre du couple de clients : le père prospectif pour un couple hétérosexuel, l'un des deux membres d'un couple gay ou l'homme célibataire qui a commandé la GPA. Dans ces situations (qui composent la majorité des cas de GPA), le client fournit le matériel génétique masculin (sperme et spermatozoïdes).
Règle générale, les clients ne souhaitent pas que la mère porteuse soit inséminée (c-a-d. que son ovocyte soit fécondé avec le sperme du client) parce qu'ils craignent qu'un lien génétique à son enfant soit invoqué dans un recours judiciaire pour réclamer une filiation maternelle.
Ils espèrent ainsi pouvoir éviter que la mère ne s'attache à l'enfant qu'elle porte, ce qui est démenti par la recherche. En effet, les données recueillies par Jennifer Lahl et Al. (2022) suggèrent que les mères sont significativement plus susceptibles de souffrir de dépression post-partum après l'accouchement d'un enfant dans le cadre d'une grossesse pour autrui (9%) qu'après l'accouchement d'un enfant "conçu" pour elles-mêmes (5%).
La quête de l'ovocyte
Les agences proposent aux clients de sélectionner le matériel génétique rêvé pour leur progéniture dans des catalogues conçus pour cette utilisation. Des clients ont témoigné avoir ressenti un malaise à cette étape. Les prix évoluent en fonction des caractéristiques les plus prisées. La couleur des yeux et des cheveux, l'ethnie, la taille, l'apparence physique, les qualités intellectuelles, artistiques ou les compétences sportives des pourvoyeuses d'ovocytes sont mis en vitrine et sont reflétés par des prix plus ou moins élevés. Dans l'aticle "Emotion, embodiment, and reproductive colonialim in the the global human egg trade" (2021), les autrices écrivent (notre traduction):
Et un peu plus loin, les autrices fournissent une approximation des prix (notre traduction):
La plage de rémunération des pourvoyeuses d'ovocytes aux États-Unis fluctue énormément, allant de 1 000 $ à 250 000 $, la plupart étant indemnisées entre 5 000 et 10 000 $ US, en fonction de leurs caractéristiques physiques, sociales et intellectuelles et de leur succès reproductif avéré ; cependant, en Espagne, tous les fournisseurs d'ovocytes sont indemnisés de la même manière, pas plus de 1 100 €, indépendamment de leurs caractéristiques phénotypiques ou sociales, ce qui reflète une approche plus égalitaire (Tober & Pavone, 2018).
Une fois la candidate sélectionnée, un nombre prédéterminé d'ovocytes sont transférés à la clinique de fertilité et la conception de l'embryon in vitro peut se faire. À partir de ces ovules, des embryons sont fécondés, soit cinq ou six en moyenne.
L'utilisation d'un ovocyte "étranger" plutôt que l'ovocyte de la mère porteuse cumule des risques supplémentaires pour la mère et l'enfant, risques qui étaient déjà augmentés par le recours à des FIV.