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Répartition des taux d'obésité selon le mode de conception de la grossesse

Mode de conception

Nombre de femmes

souffrant d'obésité

% dans leur groupe
Conception et grossesse naturelle 127039 17,0 %

(n = 748 732)

Fécondation in vitro (FIV) pour soi-même

(la femme porte son enfant)

3061  17,1% 

(n = 17 916)

Grossesse pour autrui (GPA avec FIV)

(mère porteuse)

274 36,1 % 

(n = 758)

Source : Table 1 New-Onset Mental Illness Among Gestational Carriers

Obésité et GPA

L'Étude ontarienne  "New-Onset Mental Illness Among Gestational Carriers"  [1] publiée en 2025 (JAMA Network) a mise en lumière une statistique peu connue sur le marché de la grossesse pour autrui, soit un taux atypiquement élevé d'obésité chez les mères porteuses en Ontario.

En effet, ce taux d'obésité des mères porteuses correspond au double du taux des mères ayant conçu des enfants sans assistance à la reproduction.  Il est aussi le double du taux d'obésité trouvé chez les femmes ayant porté des enfants pour elles-mêmes avec assistance à la reproduction (fécondation in vitro).

La définition de l'obésité selon l'OMS est un Indice de Masse Corporelle (IMC) supérieur à 30 (le poids en kg divisé par la taille en m2).

Pourquoi ces données sont-elles alarmantes?

Parce que l’incidence de l’obésité sur la fertilité, les traitements de fertilité et les enjeux de santé maternelle et fœtale à court et à long terme doivent être pris en compte quand une femme mets son corps à la disposition de parents bénéficiaires.  Les femmes souffrant d'obésité présentent un risque accru de complications liées à la grossesse[2].

L’obésité peut également modifier l’endomètre. Des données indiquent que l’expression génique endométriale est altérée pendant la fenêtre d’implantation au cours des cycles naturels chez les femmes obèses.

De même, il existe des preuves [3]de taux d’implantation et de grossesses cliniques plus faibles chez les femmes qui reçoivent des ovocytes de donneuses souffrant d'obésité.

Obésité et taux de succès des technologies reproductives 

Taux de Réussite (%)

ICM 

18.5–24.9

Poids santé ou inférieur

 

ICM 

25–29.9

Surpoids

 

ICM  

30–34.9

Obésité

Classe I

ICM  

35–39.9

Obésité

Classe II

ICM 

40–44.9

Obésité

Classe III

ICM  

45–49.9

Obésité

Classe III

ICM 

>50

Obésité

Classe III

Implantation d'embryon réussiea 29.5% 28.3% 26.9% 25.8% 23.6% 22.9% 20.3%
Grossesse clinique confirmée b 37.9% 36.8% 35.7% 33.7% 32% 30.6% 30%
Fausse-couche 11.3% 12.7% 14.6% 15.3% 14.8% 17.6% 20.3%
Naissances vivantes 31.4% 29.8% 28% 26.3% 24.3% 22.8% 21.2%

Source : Table 2 Pregnancy outcomes decline with increasing body mass index: analysis of 239,127 fresh autologous in vitro fertilization cycles from the 2008–2010 Society for Assisted Reproductive Technology registry[5]

Le taux de succès des technologies reproductives et l'obésité

Le tableau ci-contre est tiré d'une recherche qui suggère que les interventions d'assistance à la procréation (fécondation in vitro et transfert d'embryons) auront des taux de réussite diminués si la mère porteuse souffre d'obésité.  Or l'étude de Velez révèle que 36% des mères porteuses souffrent de cette condition.

Le tableau fait état des taux de succès des fécondations in vitro autologues.  Cette nuance est importante car les embryons ont été conçus avec le matériel génétique de la mère (cette étude ne porte pas sur les grossesses pour autrui).  Autrement dit, les femmes qui font partie des cohortes observées dans l'étude font des grossesses pour elles-mêmes en utilisant leurs propres ovocytes.

L'Étude suggère une augmentation de fausse-couches à mesure que l'indice de masse corporelle augmente. Elle suggère aussi une diminution du taux de succès d'implantation des embryons, une diminution de grossesses cliniques confirmées et une diminution de naissances vivantes.

Plus la mère porteuse aura un indice de masse corporelle élevé, plus grandes sont les probabilités qu'elle aura à se soumettre à des interventions médicales invasives . 

Comprendre les données ...pour les interpréter correctement

Visualisation : pourquoi le taux de grossesse clinique dépasse le taux d’implantation?

 
Femme participante Embryon implanté Embryon transféré (non implanté) Grossesse clinique
Certaines implantations échouent, d’autres aboutissent à une grossesse clinique. Le taux de réussite d'implantation est la somme des embryons  transférés sur la somme des embryons implantés.  Le taux de grossesse clinique est calculé par patiente. Comme chaque femme reçoit plusieurs embryons (simultanément ou consécutivement), le taux de grossesse clinique est souvent supérieur au taux d'implantation. 
Une façon simple de le comprendre est la suivante.  Une patiente qui aura reçu 3 transferts d'embryons et développé une grossesse clinique à partir d'un seul de ces 3 embryons  aura (individuellement) un taux de réussite de grossesse clinique de 100%, et le taux de réussite d'implantation sera 33% (1/3).

a : Le terme "implantation" fait référence au taux de succès des embryons "transférés" ayant réussi à "s'implanter" dans l'utérus de la patiente (cercles bleus dans l'animation ci-contre ).  Le taux de réussite d'implantation correspond au nombre d'embryons implantés sur le nombre d'embryons transférés chez un ensemble de patientes.  Les embryons transférés n'ayant pas réussi à s'implanter sont représentés par des cercles gris.

L’implantation correspond au moment où l’embryon (souvent le blastocyste) s’attache et s’insère dans la muqueuse utérine (environ 6 à 10 jours après la fécondation in vitro) et a commencé à grossir. Un embryon “implanté” signifie que l’étape d’attachement a eu lieu (ou on la suppose fiable) — mais cela ne garantit pas une grossesse “clinique”.

 

b :  Une "grossesse clinique" (symbole d'un coeur dans l'animation ci-contre) est confirmée par l’apparition d’un sac gestationnel et/ou d’un battement cardiaque embryonnaire par une échographie. Dans le tableau ci-haut, les patientes sont regroupées par catégories d'Index de Masse Corporelle (IMC). Des moyennes pour chaque catégories sont calculées à partir des taux de réussite de grossesses cliniques individuelles.

Analyse des résultats fictifs de l'animation
Patiente Embryons transférés Implantés Non implantés Grossesse clinique Taux d’implantation

GPA + obésité + ovocyte étranger ...un cocktail dangereux

Les recherches de Velez (2024) ont démontré un risque 3.5 fois plus élevé de morbidité maternelle chez les femmes qui font des grossesses pour autrui avec fécondation in vitro.

Elles ont aussi mis en lumière que les populations de femmes qui se portent volontaires pour faire des GPA sont 2 fois plus susceptibles de souffrir d'obésité que les mères qui n'ont pas eu recours à des techniques d'assistance reproductive. Or cette condition les prédispose à rencontrer plus d'échecs dans leurs démarches de GPA ET les expose davantage à des complications de grossesse (notre traduction).

OBÉSITÉ ET GROSSESSE - Complications métaboliques[2]

Hypertension • Diabète • Thromboembolie veineuse

Hypertension

Les risques d’hypertension induite par la grossesse ou de prééclampsie sont nettement plus élevés chez les femmes en surpoids. La plupart des études publiées suggèrent une augmentation du risque de prééclampsie de deux à trois fois lorsque l’indice de masse corporelle (IMC) en début de grossesse est supérieur à 30 ou que le tour de taille dépasse 88 cm, ces deux mesures étant utilisées comme indicateurs d’obésité.

Diabète

L’obésité maternelle est associée à une multiplication par quatre du risque de diabète gestationnel. À court terme, une prise en charge appropriée du diabète gestationnel permet de réduire l’incidence de la macrosomie fœtale (poids excessif du bébé) et des morbidités périnatales graves, bien qu’elle puisse accroître la nécessité d’interventions médicales. À long terme, les femmes ayant présenté un diabète gestationnel sont plus susceptibles que la population générale de développer un diabète de type 2 — ce risque étant particulièrement élevé chez les femmes obèses. Ainsi, chez les femmes obèses ayant eu un diabète gestationnel, la visite postnatale précoce constitue une occasion idéale pour offrir des conseils sur la perte de poids et la pratique d’exercice physique. Ces femmes devraient être dépistées régulièrement pour le diabète de type 2.

Thromboembolie veineuse

La thromboembolie veineuse est la principale cause de mortalité maternelle au Royaume-Uni. La grossesse est un état prothrombotique, caractérisé par une augmentation des facteurs de coagulation, une diminution des anticoagulants naturels et une inhibition de la fibrinolyse.

Plusieurs recherches ont aussi démontré que le recours à un ovocyte étranger multiplie les risques de dysfonctionnement et d'insuffisance placentaire (Placenta accreta, increta, percreta, décollement placentaire, etc).

Pourquoi des médecins acceptent-ils de transférer - à répétition - des embryons dans les utérus de ces femmes, connaissant les dangers auxquels ils les exposent ?

[1] Velez MP, Dayan N, Vigod SN, et al. New-Onset Mental Illness Among Gestational Carriers. JAMA Netw Open. 2025;8(7):e2523428. doi:10.1001/jamanetworkopen.2025.23428

[2]Ramsay J E, Greer I, Sattar N. Obesity and reproduction BMJ 2006; 333 :1159 doi:10.1136/bmj.39049.439444.DE1

[3]Lionel Dessolle, Emile Daraï, Dominique Cornet, Roman Rouzier, Charles Coutant, Jacqueline Mandelbaum, Jean-Marie Antoine, Determinants of pregnancy rate in the donor oocyte model: a multivariate analysis of 450 frozen-thawed embryo transfers, Human Reproduction, Volume 24, Issue 12, December 2009, Pages 3082–3089, https://doi.org/10.1093/humrep/dep303

[4]Meredith P. Provost, Kelly S. Acharya, Chaitanya R. Acharya, Jason S. Yeh, Ryan G. Steward, Jennifer L. Eaton, James M. Goldfarb, Suheil J. Muasher, Pregnancy outcomes decline with increasing recipient body mass index: an analysis of 22,317 fresh donor/recipient cycles from the 2008–2010 Society for Assisted Reproductive Technology Clinic Outcome Reporting System registry, Fertility and Sterility, Volume 105, Issue 2, 2016, Pages 364-368, ISSN 0015-0282, https://doi.org/10.1016/j.fertnstert.2015.10.015. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0015028215020221)

[5]Meredith P. Provost, Kelly S. Acharya, Chaitanya R. Acharya, Jason S. Yeh, Ryan G. Steward, Jennifer L. Eaton, James M. Goldfarb, Suheil J. Muasher, Pregnancy outcomes decline with increasing body mass index: analysis of 239,127 fresh autologous in vitro fertilization cycles from the 2008–2010 Society for Assisted Reproductive Technology registry, Fertility and Sterility, Volume 105, Issue 3, 2016, Pages 663-669, ISSN 0015-0282, https://doi.org/10.1016/j.fertnstert.2015.11.008. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S001502821502083X)